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La citation qui suit prouve la fantaisie constante d’Offenbach, à la ville comme à la scène :


« Assemblée Générale annuelle de la société de M. et Mme. Jacques Offenbach dont le siège est 11, rue Laffitte. Nota : les personnes dont la mémoire est perfide n’ont qu’à penser aux jambes de l’amphitryon pour se rappeler le numéro. » Cette société n’est autre que « la Compagnie d’assurances mutuelles contre l’ennui ». Ordre du jour de la séance inaugurale (28 mars 1858) : « Les danses les plus inconvenantes sont de rigueur ; ceux qui s’y livreront seront flanqués à la porte avec les honneurs dus à leur rang. Sans exiger précisément que l’on observe scrupuleusement l’étiquette des cours du Nord, le maître de la maison prie les messieurs de ne pas mettre leurs doigts dans le nez de leurs danseuses, à moins qu’elles n’en fassent la demande par écrit.

On pourra, pendant toute la soirée, se faire appeler Mon prince, moyennant un supplément de 5 francs, Monsieur le duc : 4,75 francs, Général, 3 francs, Cher maître : 2,15 francs, Ernest : 0,50 franc, Ma vieille, 1 franc, Mon chou, mon trognon et autres épluchures : 0,15 franc. Tutoiement et petits noms assortis au plus juste prix. On traite de gré à gré. »

(in Jean-Claude YON, Jacques Offenbach, Gallimard 2000, coll. « Biographies », p. 218)

Samedi 16 mai  2009

Conférence Musique

« Offenbach »


par Olivier BRAUX

 

Le conférencier a voulu  insister sur l’absurdité de la réputation de « dynamite » politique qui colle à l’œuvre de celui qui ne voyait dans le Second Empire qu’une fête tourbillonnante continue.


L’ont confirmé dans son approche ces quelques réflexions consacrées à l’humour sous un régime de terreur véritable :

« Si la dérision peut manifester une attitude critique, elle n’a pas forcément d’impact déstabilisateur et n’aboutit pas pour autant à une fragilisation du régime. Au contraire, elle peut même avoir un effet intégrateur. Jouant le rôle de « soupape », le rire permettrait d’évacuer les tensions et donc de mieux supporter les difficultés matérielles et les pressions idéologiques. En 1922, déjà, le théoricien formaliste de la littérature Victor Chklovski rejetait l’idée que les premières anekdoty antisoviétiques manifestaient une résistance inconsciente au régime, estimant au contraire qu’elles représentaient un moyen d’oublier les problèmes quotidiens.

Le comique peut aussi contribuer à la stabilité du régime en ce qu’il constitue un moyen de socialisation, et donc d’intégration des individus. Effectivement, les dirigeants tournés en dérision deviennent familiers. Il est dit d’ailleurs que les dirigeants soviétiques eux-mêmes prenaient plaisir à ces histoires drôles, car elles témoignaient de leur popularité. Celles-ci peuvent en effet contribuer à rendre les hommes politiques sympathiques en mettant en avant quelques défauts mineurs et en gommant les aspects les plus noirs de leur gouvernement

Enfin, la dérision joue un rôle intégrateur en ce qu’elle permet paradoxalement une réaffirmation des normes sociales et de l’autorité. Certes, la moquerie et les anekdoty reposent sur la violation de certains tabous, le narrateur et l’auditeur se plaçant en dehors des convenances. Mais le fait d’enfreindre les règles est simultanément un moyen de les réaffirmer : celui qui rit de la transgression d’un tabou reconnaît par là même que ce tabou existe. Ainsi ce qui fait du comique politique une forme de résistance est en même temps ce qui limite la portée de cette contestation. L’humour permet d’attaquer publiquement des cibles haut placées, mais en rendant l’expression de l’agression socialement acceptable, il la prive d’une partie de sa force. »

(in Amandine Regamey, Prolétaires de tous pays, excusez moi, Buchet-Chastel, 2007, pp. 70-71)

Les oeuvres lyriques de Jacques Offenbach évoquent la légèreté voire la superficialité, mais rire avec lui (et ses librettistes) requiert une culture universelle.


Faire rire est souvent considéré comme un art mineur dans notre beau pays. Et pourtant, le rire, c’est très sérieux !!!