association animation de l’arche

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Mardi 10 décembre 2013
Visite du camp des Milles
Photos :
Jean-Louis Coquillon
Nous étions 10 membres de l’AAA à participer à une visite, passionnante et impressionnante du Camp des Milles, guidée par un des conseillers scientifiques de l’exposition. On ne visite pas le Camp des Milles comme on ferait un tour à Disneyland, car il s’agit d’une tranche de notre histoire, honteuse pour les états allemands et français, et inquiétante par les mécanismes qui l’ont produite. Plusieurs d’entre nous, tout jeunes, en ont été contemporains.
Ce musée, unique en France, comporte trois étapes :
-1ère étape, informative : une reconstitution du passé : le musée apporte une série de documents, écrits et films de première qualité, répartis au cours de la visite des bâtiments, entre autres, le réfectoire, avec des peintures d’artistes célèbres détenus (comme Marc Ernst).
-2ème étape, interrogative : comment cela a-t-il été possible, dans deux pays européens, à majorité chrétienne, culturellement très évolués, et au départ démocratiques. L’extension de la réflexion aux génocides arménien et ougandais montre que ces mécanismes de mort ne sont pas réservés à la seule Europe. Dans cette étape, d’une certaine façon la plus originale, des scientifiques, historiens et sociologues, ont analysé les mécanismes qui mènent aux génocides : une situation sociale se dégradant avec un chômage très élevé, engendrant des tensions sociales très fortes, la montée progressive d’une minorité extrémiste bien organisée et sectaire qui prend le pouvoir grâce à la passivité de la majorité, au début par lassitude, puis par peur.
-Dernière étape, prospective : comment faire pour que cela ne se reproduise plus ? Car le danger est toujours présent, surtout dans des périodes de marasme économique. Il y a plusieurs façons de résister : par les armes, par la politique, par la culture. Il semble que la résistance soit possible et efficace au début mais qu’elle devienne très difficile une fois que la démocratie s’est transformée en dictature.
Le Camp des Milles a connu trois périodes :
- 1939 : pendant la drôle de guerre, un centre de regroupement pour tous les étrangers appartenant à des pays ennemis (Allemands, Autrichiens, Italiens, Espagnols) et dont beaucoup d’ailleurs avaient fui l’Allemagne nazie ;
- 1940-41 : dans cette deuxième période, un centre d’internement ;
- après l’invasion de la zone libre par les Allemands, un camp d’internement et d’expédition des Juifs vers les camps d’extermination, surtout Auschwitz.
La visite des immenses bâtiments bien restaurés, une ancienne tuilerie, permet d’imaginer les conditions de détention qui, d’après les témoignages des détenus, surtout dans la deuxième et la troisième période, étaient effrayantes : poussière, obscurité, froid, conditions sanitaires déplorables (une seule toilette pour 3000 personnes) et surtout l’angoisse de l’avenir.
Reportage :
Antoine Duprez
Il ne faut pas manquer de visiter l’exposition sur les artistes qui ont fait partie de l’Histoire du Camp d’internement. Pour en savoir plus...